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La Nouvelle Lettre du Jeudi
21 avril 2006

Journal du Château (Fragment 4)

J'ai beaucoup écrit ces derniers temps, à peu près un article par semaine. Apogée de cette frénésie, la semaine passée quand j'ai écrit deux articles quasiment en même temps : la préface et le commentaire camusien. Tout cela au détriment de petites choses que je dois à présent régler : administration scolaire, contacts avec des journaux et des éditeurs. Le mois de juin sera aussi périlleux financièrement parlant que ne le fut le mois de mai. Vivement les vacances que j'en finisse avec le Château. A Degas qui déplore que malgré toutes ses idées il éprouve les pires peines à écrire des sonnets, Mallarmé répond : "Mais Degas, ce n'est pas avec des idées que l'on écrit de la poésie, c'est avec des mots"(citation de mémoire de "Degas Dans Dessin"). Lu hier les notes de Jacqueline sur le signe visible et le signe lisible, prometteur. Une lettre du jeudi serait la bienvenue sur ce sujet. Puis lu un texte de Enzo Traverso (le nom ne pourrait que ravir Renaud Camus et ses lecteurs) sur Paul Celan. Se dégage du texte un portrait de Celan tout à fait passionnant. De Celan je suis passé à Levinas et Heidegger par la lecture du très bel essai de Miguel Abensour "Le mal élémental" et ensuite un article du jeune Lévinas intitulé "Quelques réflexions sur la philosophie de l'hitlérisme". Ces lectures m'ont d'ailleurs empêché de bien dormir. Je me suis battu une partie de la nuit avec le récit extraordinaire du dépassement de la pensée heideggerrienne par Lévinas. Le concept de l'excendance ne cessait de tournoyer dans ma pauvre tête en quête de sommeil. Puis Morphée a fini par l'emporter, mais je me suis éveillé ce matin avec l'esprit tout chamboulé, comme si d'avoir appris la critique fondamentale du primat de l'ontologie par Lévinas avait mis sans dessus dessous mes idées et les connexions neuronales. Lu La lettre Française de Jean-Louis Cornille, écrit un commentaire. Commencé La critique de la faculté de juger, très difficile. Entamé la lecture du Journal de Virginia Woolf, rempli d’enseignements, ses doutes notamment ; rien de plus précieux que ce doute qui ronge tout écrivain quant à sa valeur et surtout la valeur de ce qu’il écrit. Ce qui est remarquable, sa capacité à défendre son travail, à passer outre à la critique. Une lecture bienfaisante qui pousse à écrire et à écrire encore. Tant de lectures diverses égarent, c’est un fait, mais j’ai besoin d’embrasser très largement le paysage littéraire, envisager la mystique rhénane et Jünger et Woolf et peut-être que tout cela se rejoint après tout. Rousseau est peut-être un étranger dans ce paysage et Ronsard ; à vrai dire, dans ce pays, chacun est un étranger. L’homme est bon naturellement et la société le corrompt, voilà un résumé possible des Confessions . Mon empathie pour Woolf s’explique en partie pour des raisons anecdotiques comme par exemple le fait que le Journal tel qu’il se présente à nous est rédigé par une femme de 36 ans. Le fait que j’ai à peu de choses près cet âge-là me permet de mieux sentir ses remarques, du moins je le pense. De même, je demeure convaincu que Kierkegaard ne peut être vraiment compris que par des hommes jeunes et non par des vieillards. Dépêchons-nous de le relire. L'esprit occupé par l'essai d'Abensour sur Lévinas et l'essai de Max Dorra sur Heidegger et Levi. Deux approches très différentes de Heidegger. Une approche critique très vive et très efficace de la philosophie de l'être par Abensour et une approche très ludique et aussi très coléreuse de Dorra. Les deux approches se complètent. Il faudrait écrire mais je n'en ai pas le temps et me manque aussi la concentration nécessaire à un tel texte. Je garde toute la réserve d'énergie pour le Château et ces mots-ci sont déjà de trop. Des notes à retranscrire dans le Journal mais pas le courage.
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