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La Nouvelle Lettre du Jeudi
21 avril 2006

Journal du Château (Fragment 5)

Plus importante est la vie intellectuelle, moins spectaculaire est la vie. Proust, par exemple, plus il écrit et moins intéressante est sa vie. Mais la vie d'Henri Verne par contre est tout à fait passionnante. On a que ce qu'on mérite. Aux lectures estivales, il convient d'ajouter "Rome, la pluie. A quoi bon la littérature" de Robert Harrisson. Il s'agit du même auteur qui a écrit "Forêts". "Rome, etc." est une fiction et non un essai. Ou plutôt, c'est une fiction qui se veut aussi un essai et qui a donc pour modèle (ou anti-modèle) L'homme sans qualité de Musil. Harrisson reproche en effet à Musil d'avoir échoué à transcender la fiction par les idées qu'il voulait mettre en scène. Les personnages ne sont pas assez réussis selon Robert Harrisson, en tout cas selon le personnage qui dit cela dans le texte, ce n'est pas la même chose évidemment. L'on ne commettra pas l'erreur de confondre le narrateur et le scripteur, le scripteur et l'auteur. Parfois, il peut s'agir de la même personne, on est tenté de le croire quand on lit le récit de Harrison. On retrouve effectivement des opinions déjà exprimés dans son essai sur la forêt. Toujours au chapitre des saintes écritures : Mallarmé donne un truc à son ami Henri Cazalis pour écrire des poèmes : couper le début et couper la fin, ne garder que le milieu. On pleurait bien plus au siècle de Mallarmé. La correspondance du poète est un authentique déluge lacrimale. On pleure pour soi et pour les autres. Il n'y a pas de solitude authentique. Etre seul et l'écrire est une boutade. L'écriture est peuplée, hantée, traversée par des inconnus, par des mots qui ne sont pas les miens. Mes mots, cela n'existe pas. Ce sont des mots qui passent et que l'on attrape pour les fixer sur l'écran. Art et dèche sont les idées régulatrices de la raison créatrice. Retour de vacances. Lu Chateaubriand, les Mémoires d'Outre-Tombe. Sérieuse remise en question du romantisme comme exaltation de la subjectivité. La manière dont Chateaubriand s'efface dans ce livre (voir la place qu'il laisse aux textes écrits par d'autres, etc.) devrait renverser l'idée reçue. Visité Montpellier. Découverte de l'œuvre de Georges Rousse, passionnante à tous égards. Vu aussi le musée qui abrite de nombreuses œuvres du XVIIIè siècle, un nom à retenir : François-Xavier Fabre. Un italien également qui a peint un Jonas sortant de la baleine, petit tableau très sombre, le noir occupe l'essentiel de l'espace et dans le coin gauche un minuscule Jonas sort de la bouche d'un monstre marin à peine identifiable.
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