Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Nouvelle Lettre du Jeudi
20 septembre 2008

Nouvelles fadeurs nouvelles, suite I

Terminé la lecture de « La naissance de la tragédie ». Du point de vue de l’esthétique actuelle, ce traité est quelque peu obsolète dans la mesure où il est tout entier traversé par cette théorie spéculative, héritée des romantiques, qui impose à l’art une fonction gnoséologique. Mais c’est sans doute une mauvaise façon de traiter ce livre que de chercher ce que l’on peut bien en faire, rien à dire vrai. Ici et là émergent des intuitions qui sont de vrais problèmes esthétiques, par exemple l’idée du spectateur comme artiste et non comme critique. Nietzsche pose aussi la question du plaisir esthétique, mais n’apporte aucune proposition sur laquelle rebondir. Néanmoins, à lire sous d’autres angles le livre, on voit apparaître des problèmes qui méritent que l’on s’y attarde. Notre époque de mixité et de métissage gagnerait sans doute à réfléchir, par exemple, à l’idée d’un art national. Le peintre Gerhard Richter prétend qu’il n’y a pas d’art national, mais que tout art est national. Je n’ai pour ma part aucune réponse précise à apporter si ce n’est cette remarque d’un ami regardant les toiles de la série Lenin Kino et qui me disait : - on dirait des fragments de Spilliaert…

Si l’esthétique de Nietzsche est totalement dépassée, ses couleurs, ses tonalités, comme on dit d’une toile, peuvent encore nous toucher. Pour ma part, je suis extrêmement sensible à la manière de Nietzsche de parler du « regard blessé par une nuit terrifiante ». Je garde de la lecture de « La naissance de la tragédie » cette idée de l’artiste qui voit tel Hamlet la nature profonde du monde, son inanité. L’idée d’un regard motivé par la terreur de cette découverte, et du danger pour l’équilibre mental que cette découverte fait courir à l’artiste, je peux l’entendre, la comprendre et la faire mienne. Par contre, je ne peux pas suivre Nietzsche lorsqu’il tente de justifier l’art en lui attribuant la fonction de subsumer la connaissance tragique (la connaissance de l’absurdité du monde). Encore moins lorsqu’il parle de l’art en terme de magie et brosse de l’artiste un portrait proche du chamane. Il me semble, au contraire, que l’art doit dissiper la magie.

Publicité
Publicité
Commentaires
La Nouvelle Lettre du Jeudi
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité