La colline est noire

14 janvier 2008

Pour débuter la semaine, lecture de quelques poèmes de Pavese. Ce vers :

La colline s’étend sous la pluie qui l’imprègne en silence

dit très précisément la teneur du temps de ce jour. Le poème À quoi pense Dolea évoque pour moi le recueil de Jan Vivre sa vie. Il me semble que Jan partage avec Pavese, d’abord une belle rigueur poétique, ensuite une même sensibilité au banal, un refus de l’élévation lyrique (et finalement, se demander si ce refus-là n’est pas le lyrisme par excellence ?). La préface du traducteur, Gilles de Van, est très utile pour le lecteur qui n’entend pas l’italien, ce qui est mon cas ; les remarques techniques sur le vers anapestique (rythme syllabique constitué de deux brèves suivies d’une longue (du grec anapaistos, frappé à rebours)) et le mélange de liberté et d’ordre qui conduit le vers sont aussi, à mon avis, nécessaires à la bonne écoute du recueil Travailler fatigue. J’aime lire Pavese. C’est revenir à Turin, dans les rues de Turin. Je pourrais vivre là-bas. Mieux qu’ici ? Je ne sais. Je regrette la librairie Bussola. Je regrette le Musée Égyptien et les dieux qu’il abrite. Je regrette les portraits hollandais que l’on peut voir dans les collections de la Maison de Savoie, des portraits de femme austères à souhait dont je me demande quel effet il devait produire sur la sensibilité de cette noblesse piémontaise. Je regrette le Palazzo Madama et le corso où, l’Épouse et moi, nous logions. En face, de la fenêtre de l’hôtel, on voyait sur la gauche La Mole Antonelliana où se visite le Musée du Cinéma. Le matin, à la fin du séjour, avant de reprendre la route, nous avons pris un café et avalé un croissant en face de l’entrée de la « Mole » et puis nous sommes montés sur les collines, de l’autre côté du Pô.

Sur la colline noire c’est l’aube…