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La Nouvelle Lettre du Jeudi
9 novembre 2007

La faim

Entre deux bûches à ranger sur le tas de bois, j’écris ces quelques phrases, conscient de nourrir un être qui, en moi, ne peut assouvir sa faim qu’avec ces mots. Et chaque jour, il lui en faut plus, car il est insatiable. Et plus est aigu le savoir de l’inutilité de tout ceci, et plus il réclame son dû. Vents et de lourds nuages et des paquets de lumière qui défilent prêtant au plateau un mouvement vif et nerveux, allègre contrepoint à la grisaille de novembre. Porti m’a remis le manuscrit de la première partie de son roman…

Interrompu par les techniciens EDF qui installent le nouveau compteur. Profité pour terminer le rangement du bois. Cette fois, tout est à l’abri. Atmosphère préélectorale, déjà, au village. Conspiration. Le vieux berger R. vient me trouver et me demande de m’inscrire sur une liste. Motus et bouche cousue est le mot de la fin. Je reprends l’étude du grec ancien. Terminé la biographie de Maupassant, mais l’auteur de cette biographie se met trop en avant à mon goût. Lecture de Maître Eckhart, initiation à la théologie négative. Selon Porti, on ne peut pas devenir un écrivain sans que l’on entretienne un humus, un tas de choses que l’on récupère à droite à gauche et qui peuvent fermenter et nourrir le sol de la lettre, et une discipline (c’est la moindre des choses). Il faut du temps, de la patience, comme les saisons. Lisant Fontane, j’ai souvent entrevu à travers ses phrases, les textes de Kafka (et surtout Le Château). Lecture rétroactive, certes, et prétendre que Fontane prépare Kafka est une idiotie (bien sûr il y a la théorie du plagiat par anticipation, mais tenir Fontane pour un plagiaire serait indécent). Il n’en demeure pas moins que le style de Fontane sur bien des points annonce le style de Kafka. J’écris tout cela sans connaissance de l’allemand, et donc convaincu de n’être qu’un présomptueux lecteur amateur aux yeux des germanistes. Il ne me reste plus qu’à apprendre cette langue (et il faudrait aussi pour la bonne mesure apprendre l’italien (Dante le vaut bien, hum, hum !)).

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