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La Nouvelle Lettre du Jeudi
19 septembre 2007

Molloy, Sam et les autres...

Hier soir, terminé la (re-)lecture de Molloy. Je l’avais lu, il y a une dizaine d’années. On ne lit plus les livres de Beckett de la même façon si l’on a pris la peine de lire Dante (et Joyce et Proust, il est vrai). Lu quelques pages de Pavese, mais je n’y suis pas entré. Beckett et Pavese sont trop exclusifs. Ou pour tourner la chose de manière moins anguleuse, disons que, chacun, ils réclament une attention qui ne peut guère se partager. Je devrais entamer un livre dessiné à propos de Beckett. Quelque chose entre le Kafka de Crumb et L’immense solitude de Pajak. Je n’en sais rien. Un bruit de tronçonneuse me distrait. Souvenir des dernières pages de Molloy qui atteignent un état d’incandescence poétique qui est à mon avis ce à quoi il faut arriver lorsqu’on écrit un livre. Je note que la scène finale de la rencontre avec le berger et ses moutons noirs m’avait marqué lors de la première lecture et qu’elle m’a de nouveau impressionné. Il y a dans la mise en scène de cette description un élément qui crée une étrangeté fascinante, le mutisme du berger, et, je crois, une poésie proprement biblique (le narrateur suggère que les moutons le confondent peut-être avec le boucher venu choisir sa victime). Le phénomène d’aimantation que produit Moran, le personnage-narrateur, auprès des animaux rassemblés en cercle autour de lui est également une image très efficace et agissante. Si j’examine ce qu’il reste de ma lecture, je veux parler des images mentales qui persistent en moi, cette scène, non pas parce qu’elle intervient à la fin du livre, est parmi celles qui à travers le temps se fixent dans la mémoire. Demeurent aussi ces scènes d’errance sous la pluie, ces luttes nocturnes avec des personnages de passage, cette bicyclette et cette jambe raide, Marthe (au nom on ne peut plus biblique), ces huttes de fortune, et ce climat de défaite, d’égarement, de dépouillement, de vagabondage… 

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