Poulet sauce Kircher

« Et si on prend au sérieux l’analogie entre le cours du temps et celui d’un fleuve, on peut être tenté de considérer comme un fait remarquable que le temps coule dans un sens déterminé, par opposition à d’autres possibles, et de se demander s’il ne pourrait pas couler à un moment donné dans un sens et à un autre dans un sens inverse. Mais l’impression d’absurdité que suscitent immédiatement les interrogations de cette sorte devrait surtout montrer que nous sommes victimes d’une comparaison foncièrement inadéquate et que quelque chose ne va pas dans l’usage que nous faisons d’expressions comme « le sens du temps ». Dans  l’expression « le sens du temps », « le sens » ne se rapporte sûrement pas au temps comme il se rapporte au flux ou au courant dans des expressions comme « le sens du flux » ou « le sens du courant ».

Ces remarques de Jacques Bouveresse extraites de son Essai III sont le baume que je passe sur le désarroi qui m’a envahi et qui me cantonne dans un silence désagréable et abrutissant. Le fragile équilibre financier que j’avais maintenu vaille que vaille a volé en éclats. Cette situation me transforme en poulet débile atteint de la mortelle immobilité  dite « de Kircher ».

Mais n’est-ce pas dans ces instants de défaite que la vie se révèle le mieux à l’individu ?