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La Nouvelle Lettre du Jeudi
13 décembre 2007

Noir et blanc

Cette après-midi, je suis monté à la croix. Le ciel était encore bleu au bas de la colline, mais arrivé au sommet, de lourds nuages gris et glacés couvraient le plateau et s’étendaient très loin dans la profondeur des Cévennes. Comme il m’arrive de le faire parfois, je me suis assis sur une pierre. J’étais seul avec le vent et les herbes folles. Je regardais les chardons séchés et les arbres, de petits épineux qui me faisaient songer à ces arbres noirs qui dans la Comédie contiennent les âmes des suicidés. Une fois de plus, j’ai senti combien le grec ancien était proche de ce paysage austère et rugueux.

*

Dans La splendeur des Amberson, Georges Amberson, le fils tyrannique de la belle Isabelle, lors d’une réception, attaque vivement l’automobile, et par conséquent son inventeur joué par Joseph Cotten (James Mason, Joseph Cotten et Henri Fonda sont, je crois, les trois acteurs que je préfère). Eugène (Joseph Cotten) lui répond alors une longue tirade dans laquelle il souligne le rôle destructeur que jouera de plus en plus l’automobile dans la nouvelle société qui se dessine. Tout le film est hanté par ce motif : les hommes ne prennent plus le temps de vivre, ils sont absorbés par la vitesse et par les contraintes de la circulation automobile. Tout un nouveau monde se bâtit à partir de l’automobile et George Amberson n’y voit aucune place pour lui. La fin du film est ambiguë, il semble que le personnage se soit résigné à ce monde dont il lui semblait qu’il ne pourrait jamais y avoir sa place.


*

Le froid est plus vif. Le Lingas a ses sommets blanchis. On nous annonce dans les jours prochains des chutes de neige, ici, sur le causse. L’hiver s’installe. Ces derniers jours, le projet du livre noir et de l’exposition en Chine a requis toute mon attention. J’ai à peine ouvert le manuel de grec et je lis très peu, quelques pages du Maupassant par Paul Morand. L’idée de Kierkegaard considérant le comique comme ce qui arrive toujours en dernier a constitué une espèce de motif récurrent, motif en sourdine et lointain, mais présent constamment. Une note sèche en noir et blanc, tel est le modus du jour.


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