Maeterlinck
J’ai ouvert, hier, un livre dont le titre était comme l’épigraphe de mon humeur. Il s’agissait du premier roman de Robert Musil, Les désarrois de l’élève Törless. Le premier paragraphe est parfait, et c’est un jeune homme de vingt-quatre ans qui l’a écrit ! Le choix de la citation qui orne l’entrée du livre est également parfait. Je ne résiste pas au plaisir de la retranscrire ici :
À peine exprimons-nous quelque chose qu’étrangement nous le dévaluons. Nous pensons avoir plongé au plus profond des abîmes, et quand nous revenons à la surface, la goutte d’eau ramenée à la pointe pâle de nos doigts ne ressemble plus à la mer dont elle provient. Nous nous figurons avoir découvert une mine de trésors inestimables, et la lumière du jour ne nous montre plus que des pierres fausses et des tessons de verre ; et le trésor, inaltéré, n’en continue pas moins à briller dans l’obscur.
Maeterlinck