Morceaux de bois
Dimanche 20 août
Lisant, et plutôt relisant, le livre de Didi-Huberman L'image survivante, je trouve dans les paragraphes ces quelques phrases à propos de l'historien d'art Warburg qui éclairent mieux que tout aveu autobiographique le sens de ce qui advient dans mon travail de création et dans mon existence :
"En passant des marbres grecs aux rituels vivants d'Oraibi, il transformait donc son étude - avec les espaces clos qui lui correspondent : bibliothèques, archives, musées - en expérience."
Et une page plus loin, c'est Warburg qui parle :
"... j'ai l'impression d'être un sismographe fabriqué à partir de morceaux de bois provenant d'une plante transplantée de l'Orient dans la plaine nourricière de l'Allemagne du Nord, et sur laquelle on a greffé une branche venant d'Italie, je laisse sortir de moi les signes (die Zeichen) que j'ai reçus..."
Pendant que je lisais ces mots, l'idée d'un film m'est venue. Dans un désert, le spectacle auquel je travaille se déroule en l'absence totale de spectateurs.