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La Nouvelle Lettre du Jeudi
31 juillet 2006

Le projet "Caligari", notes préparatoires.

THE ROLLERTABLETOWER Caligari's Project.

par  Miles O'Shea & Olivier Deprez

Historique du projet

Le projet The Rollertabletower show est né de la rencontre de l'acteur Miles O'Shea et de l'artiste Olivier Deprez. La rencontre s'est déroulée à l'occasion du spectacle "The Attendants Gallery" produit notamment par la compagnie gantoise "Het Muziek Lod" et mis en scène par Koen De Sutter. Le spectacle produit par "Het Muziek Lod" sera en tournée dès le 1er septembre et tournera en Europe de 2005 à 2006.
Tout en créant et en inventant la table roulante pour la scénographie de "The Attendant's Gallery", la perspective de donner son autonomie à la RTT s'est rapidement présentée. L'acteur et le plasticien ont pressenti que le potentiel poétique de la RTT débordait largement le projet de "The Attendant's Gallery".
La RTT s'avère être un excellent catalyseur de création. Dans la foulée de la création de "The Attendant's Gallery", le plasticien et l'acteur ont donc désiré reprendre une création qui leur soit propre.

Description de la RTT

La table roulante (= Roller Table Tower) est conçue comme une machine de création et de production. Pourvue d'une presse et d'un présentoir sous forme d'une structure métallique, la table roulante produit et crée des images, des gravures sur bois plus précisément.
Outre la presse et la tour métallique, la RTT emporte avec elle des valises où sont rangés le papier et les outils traditionnels nécessaires à l'impression, les gravures déjà imprimées, une courte échelle, une trompette-klaxon, un poste de télévision portatif, une radio portative, etc.

Programme poétique de la RTT

La machine se met en scène dans les images et met en scène son opérateur (l'acteur). L'opérateur développe son jeu en fonction des gravures qu'il imprime.

L'inspiration de la machine provient d'une part de sa vie propre, mais d'autres sources d'inspiration la motivent : le cinéma muet, les souvenirs d'enfance des deux opérateurs (l'acteur et le plasticien). La machine produit/crée des images au statut variable : témoignage de sa vie propre, images-souvenirs, images-mémoire, images-fiction. On pourrait avancer que la RTT a un fonctionnement poétique proche du texte de La dernière bande de Samuel Beckett.

Une narration en évolution se développe de la sorte.

L'idée du cinéma itinérant, du saltimbanque, de l'imprimeur voyageur sous-tend le projet RTT.

La RTT reprend à son compte le rapport de l'image fixe et de l'image mouvement. Le cycle de gravures est en effet développé selon une logique de photogrammes. On pourrait presque dire qu'il s'agit de faire (ou de refaire) du cinéma avec des moyens très simples (ou très archaïques ou primaires ou élémentaires).

Statut esthétique de la RTT

La RTT appartient au registre du théâtre et au registre de la performance, entre scène dramatique et scène plastique, le spectacle et l'espace se déploient.

Nouveaux accessoires

La RTT est pourvue dans le cadre du projet "Caligari" de nouveaux accessoires qui ouvrent son domaine poético-dramatique. Un authentique cheval noir vivant prend part au spectacle. Il n'a pas d'autre fonction que de signaler une liberté du signe : il va où il veut et fait ce qu'il veut, aucune attente de notre part. Dans le spectacle, il doit être là, présent, ou absent dans sa présence ; ce qui importe, c'est qu'il échappe au schéma dramatique. Il doit être là comme signe énigmatique et résistant au sens humain.

Un pianiste accompagne le spectacle, jouant la même musique que l'on joue lorsque l'on accompagne un film muet. 

Le projet "Caligari".

Le prétexte du projet "Caligari" est donné par le témoignage sous forme de journal qu'a donné Werner Herzog de son voyage à travers l'Allemagne et la France pour rendre visite à Lotte Eisner malade à Paris. Le projet "Caligari" n'est en rien une adaptation du livre de Werner Herzog. Seul le thème demeure. La narration développée dans le spectacle y prend sa source. Deux récits se croisent, se décroisent et s'entrecroisent : d'une part le récit à travers les paysages (ici essentiellement mentaux) et d'autre part le récit à travers les images inspirées du cinéma muet allemand des années vingt et surtout du film "Le cabinet du docteur Caligari".

Le spectateur assiste donc à une épopée, une aventure initiatique qui se veut un remède à la maladie d'une vieille femme.

Le dispositif scénique est constitué d'un demi-cercle redoublé en planches de bois. Il s'inspire vaguement des Panoramas Impériaux du dix-neuvième siècle et des machines optiques inventées avant le cinéma (ces machines qu'on peut voir dans les musées du cinéma précisément). Les deux demi-cercles sont disposés de manière à ce que le public puisse y circuler. L'opérateur de la RTT se charge d'inviter les spectateurs à se promener dans l'interstice des demi-cercles. Le demi-cercle intérieur est percé de trous aux dimensions correspondant à la fenêtre que doit traverser le rayon lumineux projeté dans les salles de cinéma. Par ces fenêtres, le spectateur peut voir le spectacle se dérouler.

Le spectacle est conçu moins comme une pièce de théâtre que comme un "freak show". 

Ambiance de foire.

Le jeu de l'acteur est à la fois rythmé par le jeu du pianiste (et inversement) et aussi par de brusques souvenirs de la gestuelle du cinéma muet. Le personnage esquisse des gestes et suggère des scènes, mais il n'y a pas de liens entre les scènes, pas d'évolution narrative réelle.

Le pianiste peut aussi prendre la forme d'un piano mécanique à bandes (qui serait certainement plus juste dans la mesure où le mécanisme renvoie à la RTT).

Sur scène et dans les coulisses un autre personnage pourrait hanter le dispositif, il s'agirait de l'auteur (ou d'un de ses avatars). On verrait cet avatar d'auteur errer (un peu comme le cheval, sans raison, sans but apparent) et puis se mettre à graver des plaques de bois. La scène se couvrirait de copeaux. 
Il s'agit plus d'une chorégraphie dramatique que d'un drame au sens classique.

Le lieu imaginaire où est conçu la fiction est un radeau flottant au milieu de nulle part sur l'Océan. Là, sous une tente, un étrange "auteur/narrateur" imagine ce spectacle de foire qui renoue avec l'esprit des premières projections cinématographiques et des orgues de barbarie.

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