Hapax

Mardi 25 juillet

Hier les aigles migrateurs survolèrent la maison et leurs cercles étaient comme un accueil du paysage qui m'était secrètement destiné.

Lorsque j'écris ce journal, il me semble toujours que je commets un écart. C'est un peu comme celui qui fume ou boit en cachette, celui qui paresse ou qui musarde. Ce journal, c'est aussi un peu le fauteuil dans lequel je m'assois avant de me mettre à l'ouvrage. J'y puise l'énergie nécessaire à m'élancer dans le labeur de la journée. Il participe du même expédiant que le café et la lecture matinale.

Peut-on parler de drogue ? Oui une drogue légère mais que parfois l'existence ne réclame pas. Il arrive que je n'écrive rien dans ce journal pendant des mois. Puis, à la suite d'une lecture, je me remets à écrire ces paragraphes.


Désir de gravures grand format sur le thème du cheval noir, cheval en bande, bandes de chevaux. Un troupeau erre dans une grande pièce sombre. On entend le souffle frémissant des chevaux.

10:38

Comme j'ai décidé de prendre une matinée pour simplement ne rien faire de précis, je continue d'écrire ce journal qui du coup devient sans doute la seule chose plus précise que j'aurai faite ce matin. Chaleur accablante, j'ai rangé la valise et mis le linge sale dans le panier d'osier rouge.
J'ai aussi écrit un mel à X qui m'a ensuite répondu et à qui je viens à l'instant de répondre. Sentiment mélangé à son égard, du possible à l'impossible et vice versa. Un hapax aussi bien (je me comprends).

Comme j'en ai l'habitude, lorsqu'il s'agit de s'atteler au travail j'invente mille astuces pour y échapper (Barthes glose à ce propos je ne sais plus dans quel livre).

Après avoir lu essentiellement Rousseau, me suis replongé dans Bandes et sarabandes, esquissé dans les marges des dessins, la quatrième partie de l'essai consiste en effet en une transposition de ce livre en gravures sur bois. J'ai retrouvé les mêmes sensations que lorsque j'annotais Le Château (ce qui est un bon signe).