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La Nouvelle Lettre du Jeudi
11 février 2008

Carré noir, suite

Tandis que le jour se lève et que les bans de brumes nocturnes traînent encore épars sur le plateau, je note ces quelques remarques à propos de Malevitch. Une précision d’abord, le Carré noir apparaît en tant que motif en 1913 au cours de l’élaboration de la pièce Victoire sur le soleil comme il a été dit hier. Il faut cependant attendre 1915 pour que le Carré noir prenne la forme du tableau que l’on connaît et qui, à l’époque, fit scandale. Si le Carré noir est lié à l’origine à la création d’une représentation théâtrale, dans le même ordre d’idée, le Carré noir a encore participé bien plus tard à une représentation, mais à une représentation autrement grave et sérieuse : l’enterrement de Kazimir Malevitch. Sur le cercueil blanc de l’artiste ont été peints un cercle noir et un carré noir. Sur le camion faisant office de corbillard, c’était en 1938, à l’avant du véhicule, un carré noir avait été fixé. Le Carré noir a donc une trajectoire qui traverse différents degrés de l’existence de Malevitch ; et mieux, son histoire, l’histoire du Carré noir, se mêle de façon quasi inextricable à un espace de vie et de mort, un espace où le réel et l’artifice s’imbriquent et où l’on ne sait plus quand l’art commence tant l’art et la vie se mêlent. Cette intrication du réel et de l’artifice, de la vie et de la mort, de l’art et de la vie, de la mort et de l’art est la mesure vraie de toute œuvre. Le régime stalinien avait bien pris la mesure de l’œuvre ; Malevitch, comme tant d’autres, fut inquiété, et même arrêté au moins deux fois à la fin de sa vie. L’artiste mourut  avec l’idée que son œuvre avait été détruite. Il ne savait pas qu’elle avait été préservée en partie en Allemagne par la famille von Riesen. La fin de sa vie fut triste et pénible. Il peignit des tableaux qu’il anti-data. Tout cela est raconté par Andrei Nakov dans le livre « Kazimir Malevitch, écrits » publié par les éditions Ivrea.

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